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     2013.

Carmen, 17 ans bientôt 18, attend son Prince charmant.

Enjoy !

  (  By   "6_prine"   (:    )

& N'hésitez pas à commenter ou même critiquer :P

     Depuis toute petite, je veux faire une chose et une seule: devenir une Princesse. Pas pour les trésors, et le château, non. Pas pour les robes, les bijoux, le lit à baldaquins. Non. Pas pour la beauté. Pas pour le pouvoir, non plus.

Pour le Prince charmant. Celui qui vient, sur son beau cheval blanc, ou dans sa

Ferrari, courtiser la princesse esseulée. 

Celui qui l'emmène au bout du monde, au Japon et à New-York, 

mais qui n'est fasciné que par elle.

Celui qui se fiche que le matin, elle se lève avec une mauvaise

 haleine, les cheveux en pétard et un gros bouton sur le front, car il l'aime.

Oui, c'est un peu fleur bleue, mais à 17 ans, j'assume totalement. 

Alors, voilà, je me présente, Carmen, 17 ans, célibataire, je suis en première 

et j'adore le rose. 

Non, je rigole, ça fait peu trop cliché.

Mes copines me décrivent comme folle à lier, et surtout elles me répètent 

sans cesse que je suis "trop une intello".

Bon, c'est vrai, j'ai des bonnes notes, mais j'ai un souci.

Moi, Carmen, 17 ans bientôt 18, personne ne m'a jamais dit que j'étais belle.

Là où je suis contente, c'est que personne ne m'a jamais dit non plus que

 j'étais laide.

C'est déjà pas mal.

Je continue.. Le lycée, j'adore. Des libertés à n'en plus finir, énormément d'heures 

de cours, mais de bonnes copines et de bons copains.

Mais pas de Prince charmant, pas de cheval, et encore moins de Ferrari.

         "Carmen !"

Ce que j'aime le plus, dans la vie, c'est Chocolat, mon chat. D'ailleurs, j'ai faim.

         "Carmen, tu réponds immédiatement ou tu vas rendre visite au proviseur."

Ah, oui, un détail : là, je suis en cours. Avec Mme Giroult, professeur de Français, 

et qui a du mal à asseoir son autorité. Et en ce moment même, dans le bâtiment C 

du lycée des Fleurs Du Mal, en salle 21, elle hurle contre une élève qui rêvasse. 

Moi.

         "Euh, c'était quoi la question ?!"

Bon, je ne suis pas très concentrée, mais elle me regarde d'un air si glacial 

qu'un frisson parcourt mon dos.

         "Analyse la première phrase de ce texte, pour la quatrième fois."

Je réponds brièvement à sa question, et elle me laisse rêver jusqu'à la sonnerie.

A la sortie de la salle, Maria m'apprend avec enthousiasme que l'heure d'après,

 on a Maths. Elle-même déteste ça, mais adore le prof. 

On sort enfin du lycée après deux heures de supplice, plus que quelques nuages

 de fumée de cigarettes à traverser, et c'est la liberté.

Je monte dans la voiture.

Une autre journée s'est enfin terminée.

     Je déteste les mardis.

On commence par Espagnol. Il est 9 heures et je suis déjà de mauvaise humeur.

         "Hoy, estamos el martes, a once de Septiembre de dos mil trece.."

Ça y est je suis déconcentrée. Je fixe la mouche sur la manche de ma voisine. 

Clopinante, elle s'acharne à essayer de monter jusqu'à son épaule. Il lui

manque une patte. Super, j'en suis à compter les pattes d'une mouche.

Reconcentration.

Finalement, j'ai été tellement concentrée que je me suis endormie. Réveillée

à 10 heures, toujours d'aussi mauvaise humeur, je pars en traînant les pieds

jusqu'à la salle d'Histoire.

Tout est si joli dans cette matière.

Les crises, les famines, les guerres, les génocides, les épidémies..

Le coeur au bord des lèvres, n'en pouvant plus, je demande à aller

 voir l'infirmière. Elle m'apostrophe avec un sourire :

         "Encore toi ? Allergie à l'Histoire, comme toujours ?"

Oui, bon, on ne se refait pas. Mais l'infirmière, toujours sympa, me laisse partir, en me faisant 

promettre d'être en cours à 11 heures. Je pars donc rejoindre les filles

 à la grille du lycée, où elles doivent certainement s'en griller une. 

A midi, pendant le déjeuner, on se rend compte qu'il y a un nouveau au lycée.  

Mignon sans plus. Maria et Leila l'invite à manger à notre table. Il s'appelle

Léo. Il nous confie être là depuis une semaine, mais que personne ne lui avait

encore parlé.

J'ai trop chaud. Ça fait une heure que je cours, et je n'en peux plus. 

J'ai vraiment trop chaud. Et soif. Dans une heure je serais libre. Vivement

ce moment-ci.

A 18 heures, on est enfin libres, je reste avec les filles devant le lycée jusqu'à 

la demie.

Maria m'attrape le bras, elle me fait mal. Elle me secoue, elle hurle à plein 

poumon. Je suis allongée par terre. 

J'ai froid.

    Pourquoi elle me crie dessus comme ça ? 

Pourquoi je suis par terre, moi ? Dans une flaque d'eau, en plus !

Je n'arrive pas à me relever.

Ah, si. Après beaucoup d'efforts, je réussis à me lever, je m'étire,

regarde si je n'ai rien de cassé. C'est bon, tout va bien. 

Maria et les autres doivent être rassurés. Je me demande bien ce qui a pu 

se passer.. 

A quelques pas de là, un attroupement se crée. Curieuse, je me rapproche.

Quelqu'un est allongé, et visiblement cette personne a un problème. Mais les

personnes regroupés autour d'elle m'empêche de voir correctement.

On crie mon prénom vers le centre du groupe.

Alors que je vais pour toucher quelqu'un, ma main ne rencontre rien.

Ou plutôt, elle rencontre un grand vide. La surprise me fait reculer, et

 je tombe à la renverse. En traversant quelqu'un.

D'accord.  C'est bizarre, mais quelqu'un m'appelle, alors je vais voir.

Trois grands vides plus tard, j'arrive à la hauteur de Maria, 

qui continue de hurler mon prénom. Et qui pleure. Toutes les personne 

autour de moi parlent, crient, hurlent hystériquement, utilisent leurs portables 

pour prendre des photos et appeler les urgences.

Tout le monde à l'air choqué. Et tout le monde regarde la même chose.

Moi. Allongée par terre. Trempée, le visage blême.

Je suis en ce moment même à deux doigts de perdre connaissance. 

Je suis à deux endroits différents. Ici même, consciente, devant la foule,

 et par terre, allongée et livide.

Personne ne me voit, personne ne me sent, personne ne m'entend. 

Un fantôme. Je suis un fantôme. Je suis morte, et mon corps

est disposé devant moi. 

Je déteste les mardis.

     Je suis morte. A 17 ans, sans jamais avoir connu l'amour, 

sans même avoir aperçu le Prince charmant, je suis décédée. 

Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais mon corps est mort 

mais je suis debout, en train de penser, de déprimer sur mon sort.

Une ambulance arrive. Sa sirène déchire mes tympans. Un ambulancier 

court vers mon corps sans vie, tente un massage cardiaque. Sa moue semble 

indiquer que je suis belle et bien morte. Il hurle à la foule de lui laisser de la 

place, et de lui indiquer ce qu'il s'est passé.

D'ailleurs, moi-même je ne sais pas. Alors j'écoute attentivement chaque mot 

entre les sanglots de ma meilleure amie. Elle n'est pas la seule à pleurer.

D'autres filles, et même quelques garçons, ont les yeux brouillés 

et le nez rouge.

            " Elle discutait avec moi, là, sur le trottoir.. et une voiture a dévié de la

 route... on aurait dit volontairement, et l'a fauchée... Je ne comprends pas..

Elle... Elle est..morte ?"

Les expressions des ambulanciers n'étant pas très rassurantes, elle court 

vers mon corps abîmé, le secoue, crie, pleure, gémit et finit par déposer

un tendre baiser sur mon front. Un baiser d'adieu. Ses larmes coulent le long 

de ses joues, et pour la plupart atterrissent sur mon visage blême.

Une larme coule le long de ma joue. Je vais me placer à côté de mon corps, 

pour la prendre dans mes bras, une dernière fois, en espérant qu'elle le sente.

Une de mes larmes tombe sur son bras nu.

Ma meilleure amie.

A la fin de cette embrassade, je ressens un gros noeud dans ma gorge.

Je n'arrive plus à respirer. J'étouffe. Mes poumons tentent vainement 

de se remplir.

Je suffoque en pensant que c'est vraiment stupide de mourir deux fois

 dans la même journée, et finalement je perds connaissance.

Je déteste absolument les mardis.